Déception pour certains, apothéose pour d'autres : Lightning Returns - Final Fantasy XIII

     Avant de lire cet article, je vous invite à aller voir l'aperçu du jeu que j'ai publié il y a de ça quelques semaines (à quelques années près - j'avoue que j'ai pas écrit grand chose ces derniers temps). Mais si c'est déjà fait, alors tout va bien.

     Le jour de la St Valentin, l'un de mes proches m'offre ce jeu de Square Enix (sortie le 14 février 2014 donc, vous suivez, c'est bien), qui s'est avéré être le dernier jeu Final Fantasy actuel. Ca a été l'extase absolue, me disant que j'allais enfin voir le dénouement ultime de la trilogie des FF XIII (une première dans l'histoire des Final Fantasy, le seul épisode ayant eu droit à une suite a été le X avec le X-2). J'attache tellement de souvenirs affectueux envers le premier épisode de FF XIII, qui a été mon premier jeu sur console HD, que je ne peux que voir du bien dans ce titre. Or je crois que le soucis majeur de Lightning Returns est précisément là : je crois que l'intérêt de ce jeu n'existe que pour les fans absolus de la série des Final Fantasy XIII (et non pas de la série tout entière). Jugé décevant et plat, voire frustrant par jeuxvideo.com, un critique a même déclaré dans le récent magazine JV - Sortons le grand jeu : "La bonne nouvelle, parce qu'il y en a une, c'est que la trilogie Final Fantasy XIII est enfin dernière nous.". Bon alors, qu'est-ce qu'il faut en penser ? Comme dirait une certaine Edea Lee de l'excellent jeu Bravely Default : "C'est tout noir, ou c'est tout blanc ?" Bah en fait, c'est gris. Un gris assez terne en fait.

Lightning est toujours aussi belle. Froidasse, mais classe.

Pourquoi faut-il que ça soit aussi vide et aussi compliqué en même temps ?

     J'en attendais peut-être un peu trop du côté du scénario, car en tant que fan, la fin de la trilogie m'intriguait au plus haut point. Fidèle à ses prédécesseurs, le jeu débute par une cinématique précalculée, bien que pas très intéressante, malheureusement (mais belle, ça on ne peut pas lui enlever). Il me semble avoir déjà décrit le pitch de l'histoire dans l'aperçu, je n'ai pas vraiment besoin de revenir dessus, d'autant plus que celui-ci n'est qu'un prétexte, au final la trame scénaristique n'est pas plus utile qu'un pot de fleur, qui cependant dévoile quelque chose d'enfin intéressant à la toute fin.

     Je ne vous gâche pas le plaisir de retrouver au cours de l'aventure chaque personnage phare de la série FF XIII, car nous les croisons bien tous de nouveau, mais sachez que toutes les quêtes, que ce soient les principales ou les secondaires, ne sont pas très intéressantes ni même surprenantes. Parmi un océan de quêtes secondaires ennuyantes à mourir, on trouve quand même quelques perles rares qui vous procurent un peu d'émotion. Le reste n'est qu'aller-retours fastidieux, recherches tatonneuses et attentes d'une certaine heure afin de pouvoir réaliser son objectif. Certes, le monde ouvert (enfin un open-world !) offre de grandes et intéressantes possibilités d'exploration, mais on se rend vite compte qu'on effectue une série de quêtes sans vraiment s'amuser.

La liberté d'exploration est un point que j'ai vraiment, mais alors vraiment apprécié dans ce jeu.

     Pour en finir avec ce scénario, c'est personnel, mais j'ai vraiment apprécié la fin, dont le dénouement est certes extrêmement prévisible et précousu, mais qui a le mérite de créer des discussions autour d'elle. Final Fantasy XIII nous a raconté l'histoire d'un groupe d'amis que le hasard a fait se rencontrer et qui veulent contrer leur destin, Final Fantasy XIII-2 nous a parlé de trame temporelle déformée et d'une Serah dans une recherche désespérée de sa soeur Lightning, et finalement Lightning Returns - Final Fantasy XIII nous parle de Dieu, de la mort et de la réincarnation dans un nouveau monde (on sent les tendances bouddhistes et athéistes propres aux japonais).

Lumina est à mon goût l'unique personnage réussi, Lightning mis à part, de cet épisode.

Un univers plutôt vivant et agréable à parcourir, mais trop déjà-vu et entendu

     Je ne suis pas certain, mais j'ai l'impression que Square Enix a (encore) recyclé son moteur graphique qui date du premier Final Fantasy XIII. Bon, ce n'est pas moche, loin de là, au contraire je dirais, mais je n'ai pas bien aimé les gros ralentissements au niveau des FPS notamment quand je me suis promené dans les plaines. J'ai cru que ma PS3 allait mourir. Autre grande déception pour moi (et peut-être pour d'autres) sera dûe à la bande-son. Ce n'est pas que je n'aime pas les musiques électro un brin kitsch du XIII-2 ou les grands thèmes épiques du XIII (bien au contraire), mais je pense que j'en ai un peu marre d'entendre en boucle les thèmes même pas retravaillés et remis tels quels des précédents volets ou, au mieux, des remix, noyant pour le coup quelques nouvelles mélodies qui méritent tout de même l'attention (le thème de Bhunivelze, le fameux Dieu, me reste en tête). Recyclage graphique, recyclage musical... Bon c'est dommage.

Voilà un exemple d'un des remix du jeu, pas vraiment convaincant à mon goût. Je sais pas, mais pour moi, au bout d'un moment, ça passe plus. J'adore ce thème, mais il appartient au premier épisode, là c'est lourd...

     Je serais de mauvaise foi si je disais que l'univers de ce Lightning Returns - Final Fantasy XIII était vide et inintéressant. Non, ce n'est pas le cas, c'est tout de même un très beau jeu, avec deux belles villes à explorer, Luxerion et Yusnaan, et deux grandes autres zones dont les Terres Sauvages et les Dunes de la Mort. Les villes sont bien remplies de monde, les décors plutôt bien fichus, et le cycle jour/nuit rend le tout plutôt vivant (même si, pour une raison qui m'échappe, il fait toujours beau dans ce pays).

"Le temps, le temps !! Qu'est-ce que le temps ?!" le Lièvre de Mars

     Oui, c'est tout un beau monde qui s'ouvrait à moi, lorsque j'ai commencé ma première partie. Seulement, j'ai vite déchanté quand j'ai vu l'espèce de compte-à-rebours surcaféiné qui tournait inlassablement dans ce petit coin supérieur droit de l'écran. Je rappelle que Lightning a été embauchée par Bhunivelze, le Dieu-créateur de l'univers qu'on connait si bien depuis le premier épisode, qui lui demande de rassembler le plus d'âmes possible dans ce monde à l'agonie, mais elle n'a que 6 jours devant elle avant la fin du monde. Cependant, terminer une quête principale permet de rallonger la durée de vie du monde d'un jour. Et cela permet d'atteindre les fameux 13 jours. Tous les jours, à 6h du matin, Hope vous rappelera à l'Arche, située dans l'ancien Cocoon artificiel, où le temps se suspendra le temps d'y déposer les âmes sauvées et de taper la discute à votre cher ami. Dieu a confié la mission à ce dernier d'épier les moindre faits et gestes de Lightning, commentant votre moindre action (à 5h du matin, Hope vous rappelle qu'il ne vous reste qu'une heure avant votre retour à l'Arche, à 5h30, il vous rappelle qu'il ne vous reste qu'une demi heure... eh oui, Hope est presque nuisible au plaisir de jeu tellement il parle pour rien).

Les détails liés au temps qui passe sont assez nombreux : des horloges de rue aux horaires de train à consulter, tout cela sous un cycle jour/nuit, on apprécie d'évoluer dans un univers crédible. Manquent les effets météo, par contre.

     Le journaliste de jeuxvideo.com chargé du test de ce jeu a décrit le système de limite de temps comme une frustration, car, nargué par un monde si beau et si vaste à explorer, nous ne ressentons que frustration face à l'injustice qu'impose ce compte-à-rebours. Je ne suis pas tellement d'accord : outre le fait que ce ressenti est absolument subjectif et surgit directement de la façon de jouer de la personne, j'ai trouvé que j'avais absolument le temps de faire ce qui me chantait durant ces 13 jours, et que j'ai même dû utiliser les auberges mises à diposition afin de régénérer les PVs, mais surtout afin de passer le temps plus vite ! Oui, je me suis un peu impatienté à la fin, non pas que je n'avais plus rien à faire, mais que j'avais fait tout ce que je voulais faire, et que je n'avais qu'une envie : voir le dénouement.

Une Lightning stylée pour des combats stylés

     Le système de combat, toujours basé sur le concept de l'active time battle, est plus dynamique encore que dans les deux premiers volets, et comporte encore et toujours le système de choc. Bon, je vais vous avouer une chose : les combats sont tellement dynamiques que je n'y comprenais pas grand chose au début, alors j'ai dû jouer en mode Facile. Le mode Facile ne fait d'ailleurs pas que faciliter les combats, il permet la régénération progressive des PVs en dehors des combats et ne pénalise pas d'une heure de temps diégétique en cas de fuite d'un combat.

     L'innovation (si on peut appeler ça comme ça), ce sont les styles, au nombre de trois, comportant chacun une tenue, une arme et un bouclier ainsi que des compétences manuellement attribuées (qu'il faut glaner en battant les ennemis ou en fouillant des coffres). Le combat s'articule alors autour des ces trois styles, dont chacun comprend une barre d'action qui diminue au fil des attaques, et se recharge lors de l'utilisation d'un autre style. Jusque là ça va, c'est très bien, c'est même tactique, intéressant. Un seul bémol que je n'ai pas été seul à souligner d'ailleurs : l'absence de compétence de soutien dont le soin. Hum, donc je me suis retrouvé à ne pouvoir compter que sur les objets consommables... Ca a été très dur pour moi, mais je m'y suis habitué, au bout du compte...

Chaque approche de combat dispose de quatre compétences personnalisables. Ce nouveau système requiert quand même un certain temps d'adaptation.

     Dernier détail assez dépaysant : pas de points d'expérience en fin de combat. C'est tout de même un comble pour un J-RPG. Pas de gain d'expérience, mais une augmentation définitive des statistiques comme les PVs en cas de réussite d'une quête, ce qui va alors devenir le seul et unique moyen de leveler, rendant les combats... inutiles. Au terme des affrontement, vous ne gagnerez que des gils et des PE, des Points d'Energie, qui vous serviront à faire appel aux pouvoirs divins attribués à Lightning, comme la Chronodilatation en combat ou la Téléportation en exploration. Au final, en jouant à Lightning Returns, je n'ai pas vraiment éprouvé l'un des sentiments capitaux que je recherche le plus dans un J-RPG : la satisfaction d'avoir fait beaucoup d'efforts afin de faire évoluer mes personnages. Ah pardon, MON personnage, c'est vrai que Lightning est toute seule dans cet épisode...

Les pouvoirs de déesse ainsi que les objets sont accessibles à tout moment en combat.

Le ridicule ne tue pas. Même pas Lightning.

     Une règle d'or de la série a en effet été brisée par cet opus : durant tout le jeu nous ne contrôlerons que Lightning, et uniquement Lightning. Pas d'équipe d'aventuriers, non. Toute seule, elle affrontera tous les ennemis, toute seule, elle viendra à bout de toutes les quêtes. Toute seule. C'est un peu triste, et cela renforce encore plus le caractère froid et asocial du personnage (le scénario tente pourtant de justifier cela). Lightning n'aime pas les câlins, et on l'aime quand même pour ça. Quand elle repousse Mog (du FF XIII-2) qui tentait de lui faire un gros câlinou de retrouvailles, on rit devant une telle froideur, qui paraît presque un peu absurde.

Parmi les dizaines de tenues à trouver, je n'en aime que quatre. Les autres... Franchement, vous trouvez, vous, que ça ressemble à Lightning ? Moi ça me donne juste envie de rire. Et dire que le vice est poussé jusqu'au point où il est possible de customiser les couleurs des tenues jusqu'aux culottes... Hum.

     On pourra pourtant rendre notre héroïne moins sérieuse et presque risible grâce à toute une panoplie de superbes tenues et accessoires (les fameuses tenues de styles)... d'ailleurs un peu trop sexy ou simplement ridicules. Cela va des tenues de plagiste décomplexée en passant par des robes de soirée sorties de Desperate Housewives jusqu'aux diverses décorations absurdes n'allant pas du tout avec le personnage comme la peluche de chocobo qui se place... sur la tête de Lightning. Sachant que la plupart des cinématiques affichent la tenue et la déco que vous appliquez à cette dernière, faîtes preuve de bon goût, au risque de décrédibiliser sérieusement les dialogues et les combats.

Ne passez pas votre chemin sur cet ultime épisode de la trilogie Final Fantasy XIII : il s'agit tout de même d'un bon jeu, avec son lot de stratégies de gameplay, de décors sympathiques et de péripéties qui valent quand même le coup d'oeil. Mais uniquement si vous avez déjà bien parcouru la série, et que vous n'avez rien d'autre à faire, et surtout si vous êtes fan de la série FF XIII. Si vous n'avez pas parcouru des classiques tels que FF VII ou FF IX, ne perdez pas tout de suite votre temps avec cet épisode et retournez sur des valeurs sûres ! Vous vous amuserez mieux.